Salman Al-Farisy (1)
Beaucoup d’hommes ont connu de près le Prophète. Ceux dont Khalid Mohamed Khalid a choisi de traiter dans son ouvrage intitulé «Des hommes autour du Prophète» sont une soixantaine. Aujourd’hui, nous vous livrons ce qu’il a écrit à propos de Salman al-Farisy.
Cette fois, le héros vient de Perse. Plus tard, dans ce pays,
l'Islam sera embrassé par de nombreux hommes. Il en fit des croyants à
la foi incomparable, au savoir immense tant en religion qu'en les
choses de l'ici-bas.
C'est là une des merveilles de l'Islam. Dès
qu'il investit un pays, il y déclenche dans un grand mouvement les
énergies et la créativité des habitants, si bien qu'apparaissent des
philosophes, des médecins, des savants en religion, des astronomes, des
inventeurs...
En ces temps-là, ces érudits de savoir surgissaient de
partout, de chaque pays, si bien que les premières époques du règne de
l'Islam assistaient à une profusion de génies extraordinaires dans tous
les domaines. Leurs pays étaient multiples mais leur religion était
une. L'Envoyé (ç) avait déjà annoncé cette extension bénie de sa
religion. Bien plutôt, il en reçut promesse de véracité de la part de
Dieu le Connaissant. Un jour, Dieu lui fit voir l'avenir de l'Islam.
L'Envoyé (ç) vit alors de ses yeux l'étendard de l'Islam flotter sur
les cités et les palais des monarques de la terre.
Salman al-Farisy était présent. Il avait un lien très certain avec ce qui se passa. Cela eut lieu durant le siège des Coalisés.
En
l'an 5 ap. l'Hég., les notables des juifs se dirigèrent vers la Mecque,
pour convaincre les associants d'éradiquer cette nouvelle religion.
Leur
mission fut un succès, puisqu'ils réussirent à mettre sur pied une
coalition impressionnante. Le plan proposé par les juifs fut vite
adopté. Les Quraych et les Ghatafan attaqueraient Médine de
l'extérieur, tandis que les juifs des Banou Quraydha la prendraient de
l'intérieur, par derrière les rangs des musulmans.
Ainsi l'Envoyé (ç) et ses compagnons seraient broyés comme par une meule.
Quand
cette armée d'associants se présentera devant Médine, les musulmans
seront surpris, malgré les préparatifs faits. Dieu décrit bien la
situation d'alors: lors elles surgirent pour vous de dessus et de
dessous, et que fléchirent les regards, et que les cours montèrent dans
les gorges et que vous conjecturiez force conjectures sur Dieu...
Les
troupes ennemies seront composées de 24.000 guerriers, sous le
commandement d'Abou Sufyan et Oyayna b. Hiçn. Cette armée ne
représentait pas les tribus de Quraych ou Ghatafan mais toutes les
tribus associantes et leurs intérêts. Ce sera là la dernière tentative
entreprise par tous les ennemis de l'Envoyé (ç).
Quand Médine fut
informée des intentions belliqueuses des Coalisés, les musulmans
jugèrent la situation très critique. L'Envoyé (ç) réunit ses compagnons
pour des consultations. Tous convinrent évidemment, de combattre, de
défendre la cité. Mais, comment organiser la défense devant une armée
si nombreuse?
Là, s'avança l'homme aux grandes jambes et aux cheveux
fournis, l'homme à qui l'Envoyé (ç) portait un grand sentiment de
respect. Salman s'avança vers une hauteur, d'où il jeta sur la cité un
regard examinateur. Il remarqua qu'elle était, d'un côté, bien protégée
par une montagne rocailleuse mais vulnérable par cette grande
brèche-là. Une issue bien faite qui n'attendait que les troupes
ennemies.
Salman, qui connaissait les tactiques et les ruses de
guerre de son pays, suggéra à l'Envoyé (ç) une proposition inconnue
jusque-là des Arabes. C'était le creusage d'un fossé le long de la zone
découverte.
Dieu seul sait quel serait le sort de l'Islam, si les musulmans n'avaient pas creusé ce fossé.
Quand
les associants virent cette grande tranchée, ils en eurent le vertige.
Ils restèrent impuissants dans leurs tentes, durant un mois, jusqu'à
cette nuit-là où Dieu envoya sur eux une tornade furieuse et mugissante
qui les obligea à lever leur camp. Durant le creusement du fossé,
Salman tenait sa place avec son équipe, car chaque équipe avait une
surface déterminée à creuser.
L'Envoyé (ç) creusait aussi avec son
pic. Dans la surface où Salman et ses compagnons travaillaient, un
énorme rocher ne voulait pas céder le passage devant les coups répétés
de leurs pics. Salman, dont la constitution était solide, ne put
pourtant pas avoir raison de ce rocher-là. Lui et ses compagnons aussi
ne purent le faire remuer. Ils restèrent impuissants. Alors, Salman
s'en alla demander à l'Envoyé (ç) la permission de changer le tracé du
fossé, pour éviter le rocher qui leur tenait tête. L'Envoyé (ç) vint
examiner l'endroit et le rocher.
• «Des hommes autour du Prophète»
Khalid Mohammad Khalid
Traduction : Abdou Harakat
Ed. Dar Al-Kotob Al-Ilmiyah
Beyrouth, 2001 - 224 pages